Éventails asiatiques peints

Vous possédez un éventail asiatique peint et vous souhaitez une estimation ? L’éventail en Asie est bien plus qu’un accessoire pour se rafraîchir. C’est un objet d’art, de statut social et un support d’expression picturale ou calligraphique. En Chine, l’usage de l’éventail remonte à l’Antiquité (on mentionne des éventails d’apparat dès les Han).

Deux formes principales existent : l’éventail rigide en plumes ou en soie tendue sur un cadre (éventail “d’écran”), et l’éventail pliant (zhéshàn) introduit en Chine depuis le Japon vers le XVème siècle. Sous les dynasties Ming et Qing, les lettrés et artistes se plaisent à peindre ou calligraphier sur des feuilles d’éventail en papier ou soie, souvent montées ensuite sur des montures en bambou ou bois laqué. Nombre de peintres célèbres ont réalisé des peintures d’éventail (paysages, scènes de poésie, motifs floraux accompagnés de poèmes). Au Japon, l’éventail pliant (sensu ou ôgi) existe dès l’époque Heian (VIIème s.) et devient un symbole de courtoisie samouraï (on l’ouvre en signe de respect). L’ère Edo voit la production d’éventails peints en masse à Edo (Tokyo) et Kyoto. Ceux-ci sont décorés d’estampes ukiyo-e ou peints à la main pour les uchiwa (éventails rigides). L’éventail fait partie intégrante du théâtre kabuki (éventails de danse) et du costume traditionnel. Ainsi, les éventails asiatiques reflètent un patrimoine artistique à la fois utilitaire et esthétique.

Ce qui influence l’estimation d’un éventail asiatique peint

Pour estimer un éventail ancien asiatique, on regarde :

Origine et époque

Un éventail chinois peint du XIXème s ne vaudra pas la même chose qu’un éventail de cour du XVIIIème s ou qu’un éventail japonais Meiji. Identifiez s’il est chinois ou japonais (parfois difficile à première vue : la monture chinoise Qing est souvent en bambou ou bois sombre avec des clous en laiton sur la tête des brins, tandis que les montures japonaises peuvent être plus fines, en bambou clair, souvent 30 brins ou plus). Les éventails chinois vers 1850 étaient aussi faits pour l’export (scènes très colorées sur papier, montures en bois et nacre) – assez courants, ils valent moins cher que les éventails purement destinés à l’élite chinoise (peintures lettrées sur soie avec inscriptions). En résumé, situez l’objet : éventail de peintre chinois fin Qing, éventail de théâtre japonais Edo, etc.

Peinture ou décor

L’élément central est la qualité de la peinture sur la feuille d’éventail. Si c’est une œuvre signée d’un artiste reconnu (par ex. un paysage signé Ren Yi (Ren Bonian) vers 1880), l’éventail devient une peinture de collection et peut atteindre des prix élevés. Un ensemble de trois éventails peints par Chen Wenbo (XIXème siècle) s’est ainsi vendu 8 100 €. Si l’éventail est décoré d’une estampe collée (pratique courante au Japon, on collait des gravures ukiyo-e sur des éventails bon marché), alors c’est moins précieux (il s’agirait d’une estampe découpée, souvent tirage courant). Les éventails export chinois très colorés du milieu XIXème siècle (scènes de cour et de jardin à personnages) sont décoratifs mais pas uniques – leur peinture est souvent stéréotypée, réalisée en atelier, donc valeur modérée. En revanche, les éventails calligraphiés par un maître calligraphe ou peints à l’encre par un lettré renommé sont très recherchés. Vérifiez la présence de signatures ou sceaux sur la feuille : un sceau rouge et quelques caractères peuvent indiquer un auteur.

Matériaux de la monture

 La monture (les brins) peut fortement impacter la valeur. Des montures en ivoire sculpté ou en écaille de tortue incrustée sont prisées. Une paire d’éventails chinois avec monture en ivoire finement ajouré du XIXème s peut valoir plusieurs milliers d’euros. Les montures en bois laqué or ou en bambou gravé de poèmes sont également appréciées. À l’inverse, une monture banale en bois sans décor n’ajoute pas de plus-value. Regardez aussi le gorge (panache des deux brins extérieurs) : sur les éventails de luxe, ces deux brins extérieurs sont souvent plus larges et ornés (laque, peinture miniature, nacre incrustée).

État de conservation

C’est crucial. Un éventail est fragile par nature (papier/soie mince et mécanisme de pliage). Nombre d’éventails anciens présentent des déchirures aux plis, des restaurations, des manques de matière. Même de petites fentes dans la feuille réduisent la valeur, surtout si elles touchent la peinture. La fraîcheur des couleurs sur la feuille est importante – une gouache très passée ou piquée de rousseurs sera moins attractive. De même, les brins doivent être complets : souvent il manque un brin ou le ruban de rivet est endommagé. Un éventail en parfait état, avec sa boîte d’origine éventuellement, vaudra bien plus. Par exemple, un éventail japonais de danse du XIXème s en papier doré peut valoir 100 € en bon état. Nénanmoins, s’il est jauni et cassé, il ne vaudra presque rien.

Rareté et ensemble

Les éventails vendus en lot ou ensemble cohérent ont un attrait : par exemple, une collection d’éventails sur un même thème, ou plusieurs éventails par le même artiste. Toutefois, généralement on les évalue pièce par pièce. Un éventail impérial (ex : portant l’emblème ou offert par un dignitaire) serait extrêmement rare et précieux. Mais la plupart des éventails qu’on retrouve en Occident proviennent du commerce ou de souvenirs de voyage. Ils peuvent être précieux artistiquement, mais pas “uniques” historiquement.

Le marché des éventails est un niche, mêlant amateurs d’art asiatique et de costume ancien. En France, un bel éventail chinois peint vers 1900 peut se vendre 300 à 600 €. Un éventail signé par un grand peintre peut monter bien plus haut. Ainsi, un éventail peint par Qi Baishi (XXème s) s’est vendu plus de 20 000 €. Toutefois, la majorité des éventails anciens se négocient à quelques centaines d’euros.

Tableau d’estimation et prix de votre éventail asiatique peint

Cas concrets : Un ensemble de trois éventails chinois du peintre Chen Wenbo (XIX^e) s’est adjugé 8 100 € aux enchères – soit environ 2 700 € par éventail, grâce à la qualité artistique et à la réunion en triptyque. En revanche, un éventail japonais du XIXème s avec monture bambou et feuille imprimée s’est vendu autour de 1 300 €

Une expertise permettra de vérifier l’authenticité et la légalité de la pièce, et d’en donner une estimation réaliste. Ainsi, vous saurez si votre eventail asiatique un objet décoratif ou une antiquité précieuse à faire assurer et éventuellement vendre en salle des ventes spécialisée.